vendredi 7 mars 2008

Sex machine, mon amour

Simone, Loly, Nax. Des robots fornicateurs amants du futur ?

Elle s'appelle Simone, et son corps est une marchandise. C'est une jeune fille rangée en silicone, de 1,73 mètre et 49 kilos, livrable en 48 heures avec un ensemble lingerie nuisette et «string haut de gamme». Simone manque un peu de conversation, mais elle est d'«une solidité à toute épreuve», et son squelette en aluminium aux articulations renforcées permet de la tordre dans tous les sens. Elle se recommande à votre fantaisie par ses «trois orifices utilisables». «Avec son sexe très doux, son anus et sa bouche, Simone vous comblera de plaisir jour après jour» , assure la firme cannoise Mechadoll. Pour les amateurs, elle existe aussi en version écolière (que fait la police ?). Elle coûte 7 290 euros, ce qui est presque donné pour acheter l'amour éternel. Son 95 D de poitrine vous semble famélique ? Il vous en coûtera 360 euros de plus pour caresser son 95 E. Quoiqu'un peu superficielle, Simone est une femme bien. Un soldat de la paix dans la guerre des sexes, la championne du safe sex, le remède à la déliaison dangereuse de l'homme en Occident, à l'oppression plurimillénaire des femmes de chair et de sang. Son ancêtre, c'est la statue d'ivoire de Pygmalion, dont Ovide chanta les métamorphoses. En version 2008 : Pygmalion, petit monsieur amer et onaniste, traumatisé par son divorce, humilié par l'organe des hardeurs, concurrencé par les sex-toys, effaré par la morgue des nouvelles prédatrices et «par les mille vices dont la nature a pourvu l'âme féminine», comme dit Ovide, Pygmalion sculpte une créature en ivoire et en tombe amoureux. A force de compliments, d'offrandes et de bouquets de Saint- Valentin, le pur ivoire s'amollit, s'anime, tiédit, se fait chair. De là, Simone...
Pourtant, n'en déplaise à ses usagers, Simone est déjà une poupée oldschool auprès de Loly, autre robot sexuel de la firme First Androids, basée à Nuremberg. Défiez-vous de son petit 1,27 mètre : Loly est plus harassante que la machine sur laquelle Charlot s échine dans «les temps modernes». Innombrables sont ses options, de sa tête interchangeable au diamètre de ses aréoles. Elle coûte 7 460 euros. Vu son prix et l'évolution du pouvoir d'achat, on peut aussi se contenter d'un simple torso (tronc humain sexué et motorisé). Dans sa version intégrale, Loly respire par le nez et, comble de transgression, peut exhaler la fumée d'une cigarette. Elle s'enorgueillit d'un système de fellation au «mouvement variable à l'infini» - c'est bien le moins. Son vagin a un système de «lubrification par capteur». Ses yeux sont mobiles et elle vous voit grâce à un système de logiciels de reconnaissance et de mémorisation de formes, assurent ses créateurs. First Androids propose aussi un robot sexuel masculin. Il s'appelle Nax et mesure 1,92 mètre. «Ses bourses sont remplies d'un liquide dont la texture est proche de la semence, et l'élasticité de l'élastomère silicone permet un étirement de 200%.» Hélas ! les hommes ne sont plus ce qu'ils étaient : Nax est aussi incapable de lire une carte routière que Loly de faire la cuisine.

Fabrice Pliskin
Le Nouvel Observateur
Nº2261, SEMAINE DU JEUDI 06 Mars 2008

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