vendredi 7 mars 2008

Les femmes se rattrapent


Les femmes, des hommes comme les autres ? Selon l'enquête 2006, «l'un des changements majeurs survenus ces dernières années est sans conteste le rapprochement des pratiques» entre les deux sexes. La bonne vieille dichotomie (mâles prédateurs, femelles attendant sagement le guerrier à l'entrée de la caverne) a du plomb dans l'aile. Désormais, les femmes aussi veulent partir à la chasse. «La part de celles qui déclarent n'avoir eu qu'un seul partenaire au cours de leur vie a considérablement diminué : 68% en 1970, 43% en 1992 et 34% en 2006 (contre 18%, 21%), et 16%o pour les hommes).» Et de plus en plus, elles sélectionnent leurs meilleures prises : il y a cinquante ans, deux tiers d'entre elles convolaient avec le premier partenaire sexuel, aujourd'hui seulement une sur dix, comme les hommes.Elles démarrent également leur conquête plus tôt. «Alors qu'à la fin des années 1950 les femmes s'initiaient deux ans plus tard que leurs homologues masculins (20,6 ans contre 18,8 ans), l'écart enregistré entre les deux sexes n'est plus aujourd'hui que de quelques mois (17,6 contre 17,2).» Elles désarment aussi plus tardivement. Aujourd'hui, près de 90% des femmes de plus de 50 ans disent conserver une vie sexuelle, contre 50% en 1970. Cependant, «aux âges avancés, elles sont toujours plus nombreuses que les hommes à n'avoir pas de partenaire sexuel (37%o des femmes entre 60 et 69 ans, contre 16% des hommes)». Toutes les citadelles ne sont pas tombées. Surtout, femmes et hommes semblent toujours avoir un «vécu» différent de leur sexualité. Par exemple, les chasseresses des années 2000 choisissent encore volontiers des chefs de meute pour faire leur premier pas. «Elles s'initient toujours plus fréquemment que les hommes avec un partenaire qui a déjà eu des rapports sexuels et qui est plus âgé d'au moins cinq ans.» Et malgré leurs airs d'amazone, les nouvelles prédatrices restent résolument fleur bleue. Traduction en langage sociologique : «Les jeunes femmes sont toujours éduquées à considérer majoritairement l'entrée dans la sexualité comme une expérience sentimentale-relationnelle.» Contrairement aux hommes, qui «à travers l'initiation à la masturbation dès la préadolescence continuent à faire l'apprentissage d'un désir individuel adossé à des représentations culturelles». En clair, les femmes revendiquent la quantité, mais aussi toujours la qualité ! Selon les chercheurs, celles qui bénéficient d'un niveau d'études supérieur «parviennent toutefois à se dégager» plus facilement de ces clivages ancestraux. Ils notent également que, «contrairement aux femmes moins dotées socialement, elles entrent plus tard dans la vie sexuelle, mais déclarent avoir eu plus de partenaires, pratiquer davantage la sexualité orale et la masturbation, tout en manifestant plus de réticence à l'égard de la pornographie et de la pénétration anale».

Marie-France Etchegoin
Le Nouvel Observateur
NovelObs, Nº2261, SEMAINE DU JEUDI 06 Mars 2008

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